mardi 20 février 2018

2020 : la polka des ambitions

Comme je l'indiquais dans un précédent billet, 80 % de ce qui est inauguré aujourd'hui à Toulouse fut porté sur ses fonds baptismaux par la gauche municipale. Cette "gestation pour autrui", c'est à dire in fine pour les toulousain(e)s,  ne sera pas parvenu toutefois à effacer un autre bilan. Il est si lourd à corriger.

A force de vouloir effacer de l'histoire politique locale la victoire de ses concurrents en 2008, le maire actuel ne fait que révéler, en définitive, la longévité de sa propre présence et donc de sa participation aux retards et rendez-vous ratés de la ville.

Un bilan de 33 années de présence de J.L Moudenc au conseil Municipal de Toulouse dont 28 dans la majorité du maire de chaque époque. C'est certainement à l'aune de cette durée qu'il conviendrait peut être d'analyser la lecture des passifs et le besoin de renouvellement.

Pour la gauche, répétons-le, rétablir les vérités, s’installer dans un remake ou dans la posture dénonciatrice ne suffira pas à construire une utilité pour demain. Il lui revient d'élaborer un projet novateur et un discours intelligible à présenter en 2020. Il lui revient de définir ce que doit être une politique municipale progressiste, mais également métropolitaine car l'un ne va pas sans l'autre. Il lui incombera de revendiquer une gauche de rassemblement dont les bases renouvelées permettront le plus large rassemblement des toulousain(e)s eux-mêmes. 

A ce jour, à lire la presse locale, la polka des ambitions pour le fauteuil du capitole a commencé. Chaque semaine égraine une nouvelle candidature potentielle, probable, putative...  : Le "qui" précédant le "quoi", c'est le quant à soi qui fraye chemin pour tenter d'imposer son paraitre. Ne cédons pas aux injonctions médiatiques voulant que l'incarnation résume l'enjeu. Tirons les leçons du vote qui vient de se dérouler pour le prochain congrès du PS. L'incarnation, à supposer qu'elle soit un préalable, ne garantit pas que l'on ne prêche dans le désert.


Dans ce concours balbutiant, j'en appelle donc à la prudence et la lucidité. Celles que réclame l'humilité tant il est vrai, pour paraphraser Marcel Aymé, qu'elle reste la meilleure "antichambre des perfections".

Il est temps d'accélérer, me dit-on. Je le concède volontiers. Le contexte n'est pas celui d'une présidentielle n'ayant pourtant donné que neuf mois pour fabriquer un présidentiable. Il n'est pas non plus celui de 2008 un an après que la candidate socialiste ait obtenu 47 % des voix dans un second tour. Et puis le contexte local a changé aussi. Avec lui, certainement, l'attente des électeurs eux-mêmes. Ne faudrait-il pas justement que les socialistes s'interrogent sur cette attente et qu'ils commencent donc à changer eux aussi ?

Je crois donc fortement à la déclinaison locale des raisons qui ont motivé les 3/4 des adhérents à porter Olivier Faure à la tête de ma formation politique. La période qui s'ouvre est celle de l'affirmation politique. Elle passe par une "autonomie stratégique" permettant de définir ce que nous sommes et ce que nous voulons. Et comme il est souhaité que la période qui s'ouvre soit aussi celle d'une clarification sur le bilan - ce qui est normal après un échec - qu'il soit permis d'amender l'intention en précisant "tous les bilans". 

Pourquoi Olivier Faure ?

Le Parti Socialiste prépare son congrès et beaucoup, depuis un an, en appellent à la clarification  et à la refondation salvatrices. Ils ont raison. En même temps... comment les français pourraient-ils croire à la sincérité d'une mutation aussi rapide ?

En cet instant, la première urgence est peut-être plus pratique. Les conditions d'une nouvelle crédibilité nécessitent des preuves. Celles d'une rupture dans les méthodes de fonctionnement du collectif et d'une décentralisation plus courageuse des méthodes de fabrication du politique.
Au moment de choisir un premier secrétaire, la demande d'incarnation à travers une voix qui porte est naturelle. Mais elle ne garantit pas que l'on ne prêche dans le désert. Et c'est bien le problème.

Ce congrès n'est pas décisif en ce qu'il n'est qu'une étape. Mais il est en même temps décisif car cette étape conditionne la survie. La capacité à reconstruire un discours n'est pas qu'une affaire de marketing. Il faut sortir de cette injonction permanente à la fabrication "d'éléments de langage", à l'instantanéité exigée de leur déploiement. Comme si tout cela permettait de redonner sens et confiance à la parole politique.

Parce que la profondeur de la refondation nécessaire exige davantage que trois mois de congrès, le Parti Socialiste a besoin du chef d'orchestre garantissant à la fois une éthique de la responsabilité et une abnégation propice à la confiance, au rassemblement et à la remise au travail.

En leurs temps, les motions de congrès reflétaient des courants de pensée ou des orientations. Le seul déplacement de virgules décidaient parfois du sort de la synthèse des uns et des autres.
L'enjeu en 2018 n'est plus là. Il est d'ouvrir une nouvelle période historique de reconstruction permettant pour demain un débat renouvelé, organisant la diversité d'une famille politique qui a pour l'instant besoin de se prouver qu'elle reste d'abord une famille.

Olivier Faure a toute ma confiance pour cela.

L'issue du congrès d'Aubervilliers n'est pas tant de savoir qui sortira vainqueur mais quelle force et stabilité voulons nous donner à la démarche collective choisie. De ce point de vue, la netteté du choix dès le premier tour, entre les quatre candidats, sera finalement la meilleure garantie de notre  propulsion collective.