vendredi 27 mai 2016

Socialistes et debout


« Socialistes et debout » 
Mercredi 8 juin 2016 à 19 h 
à la Fédération PS de la Haute-Garonne

C’en est assez ! A un an des prochains scrutins nationaux, présidentiels et législatifs, la gauche serait-elle devenue la plus bête du monde ?

Depuis plus de 5 mois, pas un jour ne passe sans que la première des oppositions au gouvernement soit celle de socialistes. Pas un jour ne passe sans que se manifeste la suspicion, le soupçon, les singularités existentielles, la propension sans limite de certains à se délecter du contournement de leur propre formation politique.


Le parti socialiste a toujours été un parti de débats. Après l’épisode de la malencontreuse loi sur la déchéance de nationalité est venu celui de la loi El Khomri dont la dernière mouture fut le fruit d’un réel travail parlementaire répondant aux nombreuses inquiétudes soulevées, notamment par le parti Socialiste lui-même. Enrichi et plus équilibré, devenu inacceptable pour le MEDEF et la Droite, ce texte de loi a continué à faire l’objet d’un blocage de quelques parlementaires allant jusqu’à tenter une motion de censure contre leur propre gouvernement.


Jusqu’au dernier moment, amendements et évolutions souhaitées sont pourtant venus préciser les conditions d’un compromis acceptable dans l’intérêt de tous, mais c’est le choix d'une accentuation de la crise qui a été fait.
Alors que les premiers résultats de l’effort et du redressement du pays sont constatés, voilà que des socialistes préfèrent alimenter les chroniques permanentes de la mise en abîme de leur avenir.


Sous nos yeux, le ballet des intrigants se met en mouvement tout en ourdissant les démarcations nécessaires à leur propre promotion. Le cynique pari de la défaite électorale plane aujourd’hui sur la gauche, résultat objectif de l’inconséquence de ses acteurs. Retrouver les commodités de l’opposition et la vertu incantatoire de l’emphase d’un côté, transgresser totems et tabous de l’autre, la tentation est là. Construire le terreau de l’impossible conciliation, prendre date…et advienne que pourra !
Cette politique de la terre brûlée avec le calcul d'y faire naitre un nouveau phénix émergeant des cendres est irresponsable. Elle éloigne de la politique plus qu'elle ne la réhabilite.


Les militants du PS, trop souvent corsetés dans les mécanismes de personnalisation des enjeux et d’instrumentalisation de leurs doutes parfois légitimes, n’en demeurent pas moins les premiers disponibles pour sauver la gauche de la division, penser l’avenir et rester solidaires. Oui, ils restent favorables à des primaires sans exclusive avec pour exigence le respect de leur résultat.


Dans un contexte où la banale exégèse d’un propos du Premier Ministre vous transforme en dangereux social-libéral « Vallsiste », ou le moindre désaccord avec une orientation fait de vous un frondeur, ou le minime énervement vous qualifie « d’Aubryste », ou l’infime pertinence relevée chez Macron vous exile tel un infidèle à excommunier tandis que le moindre soutien au Président vous convertirait en fossoyeur inconscient, il est urgent de s’extraire de ces caractérisations. C’en est assez de ce système sclérosant où la démocratie n’a plus que l’apparence d’une représentation répondant aux injonctions classificatrices qui ne sont pas celles des Françaises et des Français.


Regardons la vérité en face : le programme de la droite promet déjà un avenir terrible pour le pays. Pour eux, pas de dérive, pas d’inflexion, mais une vision claire : celle d’un projet libéral qui s’accentue chaque jour dans le cadre des Primaires LR-UDI.


Les socialistes doivent donc se ressaisir plutôt que de s’infliger des défaites au moment où nos concitoyen-nes redécouvrent le vrai visage des libéraux. Les désaccords politiques doivent exister, ils garantissent le débat public. Mais à l’inverse, exister politiquement ne peut se faire dans la fructification de désaccords, trop souvent systématiques, alimentés de suspicion permanente ou éclipsant la réalité.


C’est l’exécutif français qui a soutenu la Grèce et maintenu les règles de solidarité face à une droite européenne sans scrupule et c’est encore lui qui impose une diplomatie offensive contre le terrorisme et avant-gardiste pour l'environnement. A l'extérieur de notre pays, les progressistes ne se trompent pas sur l’engagement des socialistes français à l’épreuve du pouvoir et sur leur capacité à défendre les valeurs de la gauche.

Quel autre pays d'Europe a accordé de nouveaux droits alors qu'il était demandé des efforts pour que les comptes publics puissent être restaurés ? Aucun autre pays que la France n’a mieux promu et défendu un niveau de protection aussi élevé et des bases aussi solidaires du système social.


L’heure de la contre-offensive a sonné. L’heure n’est plus aux « ni-ni » qui ne définissent rien. Avec le Président de la République et notre majorité parlementaire, confrontés aux « résistances du réel », d’un pays affaibli par 10 ans de droite, de déficits cumulés et de déclin industriel, nous avons engagé son redressement tout en sauvant son modèle. C’est une insulte à Jaurès que de prétendre un retour au 19eme siècle.


La gauche devrait-elle laisser la place, confuse de n’avoir pu aller plus loin, vexée de n’être autant adulée que dans l’opposition, complexée de sa capacité à répondre à l’intérêt général au point de s’interdire la promotion même de son identité réformiste ?
Une nouvelle période s’ouvre en cette fin de quinquennat. Elle commence par la nécessité de promouvoir ce qui a été fait, et elle doit s’illustrer par des décisions qui indiquent le chemin d’une nouvelle étape de justice et de redistribution pour le pays.


N’en déplaise à ses contempteurs, le parti socialiste est toujours là. Rien, à gauche, ne pourra se faire sans lui, ni contre lui. Rien, dans le pays, ne pourra se faire à gauche sans l’alliance des énergies avec le parti socialiste. Aucune digue, contre l’extrême-droite, ne sera suffisamment haute pour résister à un premier tour sans unité.


Plus que tout, elle réclame des socialistes qu’ils soient debout, fiers de leur bilan, disponibles pour le rassemblement et solidaires du Président de la République.

Abbal Mireille, Conseillère Métropolitaine – Tournefeuille, Alcouffe Julie, Conseil Fédéral PS31 – Toulouse, Arseguet Andrée, Bureau Fédéral PS31 et CN – Pechbonnieu, Artigues Roselyne, Conseillère Départementale 31, Badie Anne-Marie, Commission Fédérale des Conflits – Toulouse, Bernard Hugues, Secrétaire Fédéral PS – Toulouse, Berne Christine, Conseil Fédéral PS31 – Toulouse, Boureau Pascal, Conseiller Départemental 31 – Blagnac, Briançon Philippe, Conseiller Régional LRMP – Colomiers, Carreiras Joël, Secrétaire National du PS – Toulouse, Casalis Laurence, Conseil Fédéral PS31 – Colomiers, Clautrier Marcel, Commission Fédérale des Finances, Contaut Jean, Commission Fédérale des Conflits – Fonsorbes, Courade Christine, Conseillère Départementale 31 – Toulouse, De Comarmond Fabrice, Secrétaire Fédéral PS31 – Toulouse, Delaunay Mickael, Secrétaire de section – Fonbeauzard, Demersseman Rémi, Secrétaire National, Dubarry Jean-Marc, Commission Fédérale des Finances – Balma, Fages Marie-Laure, Secrétaire Nationale du PS – Toulouse, Farré Régis, Maire – Saint-Lary-Boujean, Fischer Marc, Bureau Fédéral PS31, Floureusses Sandrine, Conseillère Départementale 31 - Fouchier Dominique, Maire, Conseiller Départemental 31 – Tournefeuille, Fournet Brigitte, Conseil Fédéral PS31 – Toulouse, Gougnard Jean-Louis, Secrétaire de section - Cazères, Geil-Gomez Sabine, Conseillère Départementale 31, Maire de Pechbonnieu, Gradit Pierre, Secrétaire de Section - Blagnac, Klotz Julien, Conseiller Départemental 31 – Toulouse, Laborie Georges, Conseiller Municipal – Casteginest, Larqué Noël, Conseiller Municipal – Montréjeau, Lépinay Jean-Raymond, Président de communauté – St Gaudens, Léry Sébastien, Conseiller Départemental 31 – Roques, Lucazeau Rachida, Conseillère Régionale LRMP – Tournefeuille, Méric Laurent, Conseiller Métropolitain – Balma, Moussaoui Belkacem, Conseil Fédéral PS31 – Balma, Neuman Jean-Pierre, Secrétaire de section – Toulouse, Perez Michel, Conseiller Municipal – St Gaudens, Petiot Jean-Paul, Secrétaire Fédéral PS31 – Toulouse, Palevody Jean-Luc, Conseiller Municipal – Ramonville, Picard Jean-Luc, Maire – Beauchalot, Régis Daniel, Secrétaire de section – Villemur, Rodrigue Patrice, Maire – Beauzelle, Rousse Jacques, Commission Fédérale des Finances, Sébi Jacques, Maire – Montrabe, Simion Arnaud, Conseiller Départemental 31 – Colomiers, Valdenaire Candice, Conseil Fédéral PS31– Toulouse, Vidal Didier, Secrétaire de section – Cugnaux, Vigneaux Laure, Maire de Miramont-de-Comminges, Villette Paule, Conseil National, Vitrice Henri, Secrétaire de section – Fontenilles




jeudi 12 mai 2016

Après la motion de "césure"

Alors qu'Alain Juppé promet déjà un avenir terrible - retraite à 65 ans, semaine de 39 heures, augmentation de la TVA, baisse de l’impôt sur les sociétés et suppression de l’ISF, purge de la fonction publique - une poignée de socialistes a décidé de provoquer l'issue du recours au 49.3 pour mieux la dénoncer ensuite et rechercher enfin, faute d'une motion de censure, une motion de "césure".

Que cette motion soit de gauche ou de droite ne change rien à l'affaire, le gouvernement ne peut arithmétiquement être démis. La seule stratégie désormais avérée aura donc été celle d'une accentuation de la crise. La preuve est faite. Alors que le rapporteur avait proposé de rétablir une prévalence du niveau de la branche sur l'accord d'entreprise, il s'avère que contexte et prétexte ont été plus important que le texte. 


Je rapporte ici les mots du rapporteur Sirugue : "les deux sujets qui restaient en discussion après des jours et des semaines d'échanges pouvaient trouver une issue avec le retour au périmètre international pour l'appréciation de la situation économique d'un groupe ou le dernier amendement que j'ai formulé, après deux autres préalablement rejetés par mes interlocuteurs sans discussion, et qui permettait de donner aux branches professionnelles une capacité d'autoriser la signature ou pas des accords d'entreprises, par un pouvoir de démandatement.

C'était ignorer qu'une petite minorité du groupe socialiste n'avait que faire des évolutions du texte, parce que déjà tournés vers l'après 2017".

J'ai exprimé ici même mon désaccord avec le premier texte de la loi travail. Je reste convaincu que l'erreur initiale réside dans les premiers temps de cet accouchement en terme de méthode, de contenu comme de calendrier. Toutefois, d'une situation ou la CFDT était contre le texte alors que la droite et le MEDEF y étaient favorables, nous sommes arrivés à une situation inverse avec la nouvelle version.


Le recours au 49.3 ne s'est pas fait sans débats. On ne peut dire tout et son contraire : dénoncer d'une part le mépris du parlement et mépriser d'autre part le résultat du travail qu'il a accompli. Voilà trois mois que l'on débat. Jamais un projet de loi gouvernemental n'a connu autant d'évolutions. Quatre versions ont été examinées. Et je ne regrette pas que les parlementaires, si souvent décrits godillots, aient donné de la consistance à leur fonction. Je veux notamment saluer ici le travail réalisé par Catherine Lemorton et Christophe Sirugue


Comment peut-on décemment faire payer à ce texte final les déficits du premier si ce n'est la volonté d'instruire un autre procès ?  

16 % des députés de gauche, soit 56 sur 340 dont 24 socialistes, ont bloqué l'adoption d'une loi modifiée par 800 amendements.
Comment croire à la sincérité de la dénonciation du recours au 49.3 alors que le premier respect de la démocratie eut été de respecter le vote majoritaire du groupe parlementaire socialiste ?  
Quel crédit accorder à l'éthique de conviction lorsqu'elle s’accommode à ce point d'une telle contradiction d'appartenance ?

A la gauche de la gauche, qui à force de glisser va retrouver la droite, on se drape de la tonalité pseudo-insurrectionnelle. On se rejoue les vieilles partitions situationnistes. On hume le fond de l'air rouge. On prédit l'alignement révolutionnaire des planètes et la convergence des luttes. On accompagne un mouvement social dont la «
direction», selon Romain Goupil, est contre «toute direction» pour mieux conserver la «bonne» direction. On y vénère Frédéric Lordon, discret gourou d'une extrême gauche revenue à l'état primitif, symptôme d’une crise d’orientation de la gauche radicale elle-même, sans débouchés, ni perspectives, soufflant sur les braises de la décomposition. 

Restons optimistes. Avec Nuit Debout, tâchons de déceler plutôt dans cette convulsion, ne revendiquant ni queue ni tête, l’effervescence d’un idéal démocratique à bâtir sur les méandres de la société marchande, du perfectionnement des logiques individualistes, de la fragmentation sociale, d’un modèle politique à renouveler.
Qu'elle se préserve de cette vieille pratique "révolutionnaire" car elle est amorcée. Celle qui entend permettre "objectivement" le retour de la droite (dont la violence de rue a toujours été le premier allié). Celle qui permet les commodités de l’opposition qui socialise et la vertu incantatoire de l’emphase qui rassure. 

Si le pays est dans le doute, en quête de sens pratique, il n'est pas dans la radicalité. Le choix du syndicalisme réformiste qui offre des débouchés semble aujourd'hui prendre le pas sur celui de la seule contestation dont la radicalité n'est que l'expression de sa propre crise.


Et voilà qu'au PS, certains se délectent de tous les contournements de leur propre formation politique avec un double objectif : éliminer le premier ministre et disqualifier le Président de la République. Par une convergeance des contraires s'annoncent les temps de "l'advienne que pourra" avec l'espérance d'un contrepouvoir local demain retrouvé.

Cette politique de la terre brûlée avec le calcul d'y faire naitre un nouveau phenix émergeant des cendres est irresponsable. Elle éloigne de la politique plus qu'elle ne la réhabilite.