Edouard Philippe, 1er Ministre, est venu rendre visite au Maire de Toulouse. L'accueil au Capitole fut républicain. J'en étais.
Les discours respectifs, quant à eux, me laissèrent pantois. Dégoulinant d'attendrissements réciproques, le cœur du message n'avait qu'un but. Magnifier la trajectoire de deux copains de chambrée cherchant coloc.
Epicure, que j'exhume ici, aurait pu illustrer cette rencontre. "La vue de ceux qui nous sont proches est belle quand les liens de parenté concourent à l'union, car elle produit beaucoup de zèle en vue de cela."
Tel fut le spectacle que voulait offrir le Maire. Celui d'un intendant zélé osant prétendre dans son discours : "Vous êtes, Monsieur le 1er ministre, respectueux de la France décentralisée". Les maires de notre pays apprécieront. Je n'ai pas vraiment le sentiment qu'ils partagent ce sentiment. Dire que Jean-Luc Moudenc préside une association d'élus, le toupet n'a plus de limite. Edouard Philippe, perfidement, lui a d'ailleurs rappelé que ce fut un peu grâce à lui.
Mais je me suis alors imaginé notre Premier Ministre répondant sous les traits de Voltaire constatant davantage de "zèle d'un homme espérant une grande récompense que d'un homme l'ayant reçue". Ainsi donc, depuis hier, les pronostics de la récompense vont bon train.
Le nouveau monde est en marche. Non pas celui d'une alternative à l'ancien mais celui d'un bégaiement de la 4eme république des géométries variables. Une alliance LR-LREM serait en vue pour 2020. JL Moudenc serait-il plus faible qu'il n'y parait ? Que n'a-t-il besoin d'une telle rescousse ?
Évidemment, il veut rassembler largement. Mais j'ai rencontré peu de candidats, dans ma longue carrière de citoyen, dont la foi n'était pas celle de faire profession du rassemblement. Sans surprise, l'argument de préau d'école nous fut servi salle des illustres, avec pour tremolo l'alliance des bonnes volontés apolitiques.
En Marche est une chose. Ces électeurs en sont une autre. Moi qui pensait qu'il s'agissait d'une formation politique des temps nouveaux, en construction, osant bousculer le système. Va-t-elle se révéler complice de sa reconduction à l'échelle locale ? N'y-t-il de pertinence à ce projet que le temps d'une présidentielle qui, une fois gagnée, n'a que faire de ceux qui sur les territoires l'ont aussi permise.
Ce choix, s'il s'avérait, serait irrémédiablement celui d'un parti de strapontins. Grand bien lui fasse. N'oublions jamais - l'histoire politique des grands partis de gouvernement le démontre - que le scrutin local demeure la racine de ce qui dure...
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